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samedi 31 décembre 2011

Ces résolutions qui deviennent des changements de vie

On voit bien que la fin de l'année approche, les nouvelles regorgent de bilans : les dix moments les plus marquants de 2011, ceux qui nous ont quitté en 2011, les pire gaffes politiques... Quand j'ai pensé à ce billet de fin d'année, j'ai dans un premier temps exploré l'idée de vous composer un petit résumé de mon défi garde-robe 2011 et une liste de mes meilleures découvertes en mode éco. Ce dont je me rends compte cependant, c'est que ce défi personnel a été beaucoup plus qu'une simple résolution qu'on fait quand on se dit qu'il y a des choses à changer dans notre vie : c'est un défi qui a changé ma vie.

Wow les grandes déclarations, vous allez peut-être me dire... Laissez-moi alors vous expliquer. Je me considère comme étant une personne conscientisée au sujet de nos impacts environnementaux. Je recycle, je composte, je prends le transport en commun, bref, je fais plusieurs petits gestes de manière quotidienne pour alléger mon empreinte sur la planète. Mais il s'agissait de petits gestes assez faciles : pas trop besoin de changer ses habitudes, pas trop besoin de se poser des questions, on continue de consommer mais au moins on produit moins de déchets. C'est bien, non?

Repenser mes achats de vêtements et me poser des questions au sujet de l'impact environnemental ET social de la mode a permis une grande prise de conscience personnelle sur mon rôle dans le cycle de vie de chaque vêtement et accessoire que je me procurais. J'ai beaucoup lu au sujet de la mode éthique (et au sujet des impacts de l'industrie de la mode), j'ai commencé à suivre ceux qui discutaient du sujet dans les médias sociaux et ceux qui font campagne pour changer l'industrie de la mode (comme par exemple Labour Behind the Label, No Sweat, et Clean Clothes Campaign). Bref, aujourd'hui, je me considère non seulement comme étant une consommatrice de mode responsable, mais également une activiste modérée qui cherche à éduquer les gens qui l'entourent sur les impacts de cette industrie.

Je vous annonce sans hésitation que mon défi continuera en 2012 et au cours des années qui suivront. En fait, le défi demeure parce qu'il n'est pas toujours facile de trouver des alternatives éthiques pour tous nos vêtements, mais il ne s'agit plus de quelque chose de temporaire que je me pousse à faire. Le changement est fait, je ne suis plus capable de regarder un vêtement de grande boutique sans penser aux conditions dans lesquelles il a été créé (pollution des cours d'eau proche des usines, exposition des travailleurs à des substances nocives, voire mortelle, conditions de travail impossibles à imaginer et ce, pour une maigre pitance).

En 2012, je vais continuer de m'informer, de poser des questions, et de partager mes découvertes sur la mode éthique. D'ici là, je vous souhaite à tous et toutes une formidable année 2012, en espérant que vos résolutions deviendront également des moteurs de changement dans votre vie.

samedi 10 décembre 2011

Réduire l'impact environnemental de ses vêtements sans dépenser un sou

Quand j'ai commencé mon défi garde-robe, je me suis donné plusieurs critères afin de réduire l'impact environnemental de mes vêtements et accessoires en choisissant des options plus "vertes" (vêtements seconde-main, faits de matériaux recyclés, faits de matériaux écologiques, etc.). J'ai basé mes critères sur un des éléments du cycle de vie d'un vêtement, c'est-à-dire la nature du tissu qui le compose et l'impact environnemental de fabriquer ce tissu.

Au bureau, nous avons la chance d'avoir un magnifique centre de documentation où je vais fréquemment emprunter des livres. La semaine dernière, je suis tombée sur le livre Sustainable Fashion and Textiles de Kate Fletcher. En plus d'être un livre visuellement très beau, je considère à ce point que c'est une excellente référence sur les différents impacts environnementaux et sociaux des vêtements à travers TOUT leur cycle de vie. On passe de la production du tissu à la fabrication à l'usage et finalement à l'étape de fin de vie (disposer du vêtement). Ce qui m'a frappé dans cette lecture, c'est l'impact de la phase "usage" que l'on oublie souvent de prendre en considération dans nos efforts de réduction d'impact sur l'environnement.

Un petit exemple : lorsqu'on considère le coût environnemental moyen d'un t-shirt (évalué à 3,79 $ US pour un t-shirt de coton régulier et 3,45 $ US pour un t-shirt de coton bio), 74 % à 81 % de ce coût est dû à la phase "usage", c'est-à-dire le lavage du dit t-shirt par le consommateur qui en a fait l'achat. Plus souvent on lave ce t-shirt, plus son impact environnemental est élevé. Oui, le t-shirt bio réduit les toxines qui sont relâchées dans l'environnement, mais si on le lave après chaque usage et si on le sèche toujours à la sécheuse, son impact sur l'environnement d'un point de vue d'utilisation d'énergie, d'eau, et de création de déchets solides reste important.

Voici donc une opportunité de réduire l'impact environnemental de ses vêtements sans dépenser un sou (en fait, il est même possible d'économiser beaucoup de sous à long terme). Quelques changements dans nos façons de faire auront un impact positif sur l'empreinte de nos vêtements :
  1. Ne pas automatiquement mettre au lavage ce qui vient d'être porté. J'ai souvent le réflexe de me déshabiller le soir et de mettre les vêtements portés dans le panier de lavage. Un chandail, un pantalon peut certainement être porté deux ou trois fois avant d'avoir besoin d'être lavé.
  2. Si on doit remplacer la laveuse, en choisir une à chargement frontal qui utilise très peu d'eau (les Bosch, un peu chères mais très durables, sont reconnues à cet effet).
  3. N'utiliser la sécheuse que pour certains items qui sont difficiles à sécher autrement (draps, serviettes). Mes parents, qui ont élevé trois enfants, n'ont jamais eu de sécheuse (et n'en ont toujours pas). Ils accrochaient les vêtements sur la corde l'été, et sur un rack l'hiver (ce qui avait l'avantage d'augmenter l'humidité dans la maison, toujours un plus avec le chauffage qui rend l'air intérieur très sec).
  4. Toujours utiliser des produits de lessive qui ne contiennent pas de produits nocifs pour l'environnement. Si vous trouvez ce type de savon trop cher, vous pouvez également fabriquer du savon à lessive écolo pour l'équivalent d'environ 0,40 $ le litre!
Avec quelques petits changement au niveau de nos habitudes de vie, il est facile de verdir encore plus notre garde-robe tout en économisant!

lundi 5 décembre 2011

Les vêtements en bambou sont-ils vraiment plus écologiques?

Je répondrai à cette question avec la réponse la moins utile mais aussi la plus réaliste : ça dépend.

Dimanche passé, j'ai pris une longue marche avec une amie que je n'avais pas vue depuis plusieurs mois. Nous sommes parties du Plateau et sommes remontées jusqu'au Mile-End, pour nous retrouver en bordure d'Outremont. Je me suis souvenue d'une boutique que je voulais visiter sur la rue Bernard, Arterie, un espace qui combine une friperie et des trouvailles de designers éco. J'ai été bien contente de me trouver une paire de jeans seconde main (pour 34 $, en parfait état, et elle me fait comme un gant). Je suis aussi tombée sous le charme d'un chandail mauve à manches longues "Chloé" de la marque Ramonalisa (une griffe Montréalaise qu'il vaut la peine de découvrir), qui je crois était à 74 $.

Chandail Chloé de Ramonalisa

Mon nouveau chandail est fait de bambou et de coton bio. Parfait, non? Sauf qu'après avoir lu le Grand mensonge vert de Jean-Sébastien Trudel, je me suis dit que je devrais commencer à faire de plus amples recherches sur ces deux matières vedettes de la mode écologique. J'ai commencé par le bambou.

Le bambou tient ses vertus écologiques principalement à sa culture (cycle rapide de croissance et de renouvellement, captage accru de CO2, meilleure irrigation du sol, diminution de l'érosion, nécessite peu d'engrais, etc.). Cependant, lorsqu'il s'agit de transformer la plante en textile, le processus est beaucoup moins écologique, malgré les paroles rassurantes de certaines sources. Une des substances les plus dangereuses est le bisulfure de carbone. Les travailleurs exposés à cette substance pour des périodes prolongées se retrouvent avec des problèmes au niveau du système nerveux. Comment savoir si ceux qui passent leurs journées dans des manufactures de traitement du bambou sont correctement protégés? Comment savoir également si les produits toxiques utilisés dans la fabrication de la fibre de bambou sont captés à la fin du processus, et non simplement relâchés dans les cours d'eau avoisinant?

Difficile de répondre à ces questions sans une plus grande transparence de la part de l'industrie. Je peux commencer par demander aux designers de qui j'achète où ils se procurent leur tissu, puis suivre la chaîne jusqu'aux grandes entreprises de production de fibre de bambou (un nom ressort quand on fait des recherches, la Hebei Jigao Chemical Fiber Company, pas certaine qu'il y aura une grande transparence de ce côté là). Mais je peux surtout faire de la pression sur les marques qui nous vendent des vêtements en bambou "parce que c'est écologique" pour leur demander s'ils ont tenu compte du processus de traitement dans leur évaluation de l'impact environnemental du tissu.

Je vais certainement y repenser deux fois avant de sauter sur un vêtement en bambou la prochaine fois. À y penser, c'est ma paire de jeans seconde main qui remporte la palme d'un point de vue développement durable!