J'ai récemment lu le livre de l'auteure britannique Tamsin Blanchard "Green is the New Black". Je m'attendais à un livre beaucoup plus axé sur le style et la mode que les questions environnementales et éthiques, et c'est en effet l'angle du bouquin.
Il faut premièrement apprécier les efforts de l'auteure à rendre la mode écologique plus sexy et plus accessible. Elle repousse les idées préconçues que de s'habiller écologiquement c'est porter des sacs de jute et des grosses sandales Birkenstock (que curieusement, j'ai cru voir revenir en force cet été!). Ses suggestions couvrent toute la gamme des alternatives, du DIY ("do it yourself", ou faire ses propres vêtements recyclés), aux friperies en passant par les vêtements neufs fabriqués de matières écologiques. Un élément de la mode traditionnelle qui est remis en question est la surconsommation de vêtements "prêt à jeter" qu'on ne porte qu'une saison et qui perdent leur forme et couleurs après quelques lavages. L'auteure suggère d'acheter de la qualité, du durable, et elle se tourne vers les incontournables de la haute couture, tels que les sacs Birkin qu'on achète à coup de milliers de dollars et qui durent une vie. Bon, admettons que certaines des idées sont hors portée pour la majorité des gens.
Un désavantage majeur du livre est qu'il est basé sur l'offre à Londres et ses environs, une région du monde qui a pris une sérieuse longueur d'avance par rapport à l'offre en mode écologique. Les consommateurs anglais ont beaucoup plus de choix lorsqu'ils cherchent des vêtements et accessoires de mode écologique. Étant donné que le livre est largement fondé sur la découverte de la mode écologique londonienne, on passe des pages et des pages de noms de boutiques et de designers que l'on ne retrouvera pas ici.
Je trouve aussi que le livre arrive à certaines conclusions trop rapidement. En discutant le choix du coton bio par rapport au coton traditionnel, comment par exemple en vient-on à conclure que le coton bio, en plus d'être meilleur pour l'environnement, permet au fermier d'augmenter son revenu de 50 %? Oui, le coton bio se paye plus cher sur le marché, mais s'il coûte plus cher également à faire pousser et que la production est moindre, rien ne garanti que le fermier ira chercher plus d'argent... Il faut que la transaction se fasse de manière équitable, et tout le coton bio n'est pas nécessairement équitable. Un autre exemple, en présentant des alternatives aux chaussures, l'auteure se tourne vers les chaussures végétaliennes. Oui, le cuir est traité et teint avec des produits horriblement toxiques, mais une chaussure en PVC (polychlorure de vinyle) n'est pas une alternative plus écolo (j'avais déjà écrit à ce sujet à Matt & Nat en réalisant que mon nouveau sac en faux cuir était fabriqué de PVC toxique, je ne sais pas s'ils ont modifié leur choix de matériel depuis...).
Quelques passages sont à retenir dans le livre. Premièrement, on nous présente une énumération pratique de ce qui constitue une bonne garde-robe de base (à laquelle une québécoise devra ajouter des vêtements d'hiver). Deuxièmement, l'auteure nous propose deux gabarits de lettres qu'une consommatrice engagée peut envoyer à sa boutique ou son designer préféré afin de mettre de la pression et d'encourager le développement d'une offre écologique. Les consommateurs ont un rôle important à jouer dans le développement de la mode éthique. Finalement, le répertoire d'adresses, bien que la majorité soit en Angleterre et que plusieurs n'existent plus, constitue quand même une référence intéressante, surtout pour ceux et celles qui prévoient faire un petit séjour bientôt à Londres.
Si vous cherchez un livre léger, pas trop technique, qui se lit bien, "Green is the New Black" est un bon choix. Ne vous attendez cependant pas à y retrouver une référence sur la mode éthique. J'ai emprunté le livre en bibliothèque et je n'irais probablement pas m'en procurer une copie pour le reconsulter.
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