Dimanche passé, j'ai pris une longue marche avec une amie que je n'avais pas vue depuis plusieurs mois. Nous sommes parties du Plateau et sommes remontées jusqu'au Mile-End, pour nous retrouver en bordure d'Outremont. Je me suis souvenue d'une boutique que je voulais visiter sur la rue Bernard, Arterie, un espace qui combine une friperie et des trouvailles de designers éco. J'ai été bien contente de me trouver une paire de jeans seconde main (pour 34 $, en parfait état, et elle me fait comme un gant). Je suis aussi tombée sous le charme d'un chandail mauve à manches longues "Chloé" de la marque Ramonalisa (une griffe Montréalaise qu'il vaut la peine de découvrir), qui je crois était à 74 $.
Chandail Chloé de Ramonalisa
Mon nouveau chandail est fait de bambou et de coton bio. Parfait, non? Sauf qu'après avoir lu le Grand mensonge vert de Jean-Sébastien Trudel, je me suis dit que je devrais commencer à faire de plus amples recherches sur ces deux matières vedettes de la mode écologique. J'ai commencé par le bambou.
Le bambou tient ses vertus écologiques principalement à sa culture (cycle rapide de croissance et de renouvellement, captage accru de CO2, meilleure irrigation du sol, diminution de l'érosion, nécessite peu d'engrais, etc.). Cependant, lorsqu'il s'agit de transformer la plante en textile, le processus est beaucoup moins écologique, malgré les paroles rassurantes de certaines sources. Une des substances les plus dangereuses est le bisulfure de carbone. Les travailleurs exposés à cette substance pour des périodes prolongées se retrouvent avec des problèmes au niveau du système nerveux. Comment savoir si ceux qui passent leurs journées dans des manufactures de traitement du bambou sont correctement protégés? Comment savoir également si les produits toxiques utilisés dans la fabrication de la fibre de bambou sont captés à la fin du processus, et non simplement relâchés dans les cours d'eau avoisinant?
Difficile de répondre à ces questions sans une plus grande transparence de la part de l'industrie. Je peux commencer par demander aux designers de qui j'achète où ils se procurent leur tissu, puis suivre la chaîne jusqu'aux grandes entreprises de production de fibre de bambou (un nom ressort quand on fait des recherches, la Hebei Jigao Chemical Fiber Company, pas certaine qu'il y aura une grande transparence de ce côté là). Mais je peux surtout faire de la pression sur les marques qui nous vendent des vêtements en bambou "parce que c'est écologique" pour leur demander s'ils ont tenu compte du processus de traitement dans leur évaluation de l'impact environnemental du tissu.
Je vais certainement y repenser deux fois avant de sauter sur un vêtement en bambou la prochaine fois. À y penser, c'est ma paire de jeans seconde main qui remporte la palme d'un point de vue développement durable!
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